t'aimes l'odeur du café le matin, alors t'as programmé ta cafetière, pour que dès que tu te réveilles, ça sente bon. sinon, t'es pas content, sinon, quand y a pas cette odeur de café, t'es persuadé que tu vas passer une mauvaise journée. || t'as cette manie, de te craquer les doigts, le cou, le dos. ça en dégoûte et énerve plus d'un, mais tu t'en fous pas mal. || t'as tendance à écouter de la musique tout le temps, dès que tu le peux du moins. la musique, c'est important pour toi. et même que tu joues de la guitare pour séduire les filles de paris. || t'es pas superstitieux. presque pas. t'aimes juste pas quand les couverts sont croisés sur une table, quand le pain est posé à l'envers. et t'aimes pas passer sous des échelles et briser des miroirs. || t'as l'impression d'être le seul à voir qui tu es vraiment, et ça te fait un peu peur. || t'aimes les vieux films. mais surtout, t'aimes fight club, t'es dingue de ce film et tu le connais par cœur. c'est ta religion à toi. || t'as toujours en tête l'idée de faire le tour du monde, ou un roadtrip, parce que voyager, découvrir le monde, c'est quelque chose qui t'obsède. || tu détestes les animaux. tu détestes les filles qui trouvent tous les chats du monde trop mignons. || t'aimes le noir, t'aimes la nuit, sortir le soir et monter sur les toits de paris pour observer le ciel. || tu fumes, trop. et tu fumes pas que du tabac. non. puis, t'aimes bien parfois, te sentir partir. te sentir sourire et oublier que t'es pas ce mec si génial, si gentil que les gens pensent que tu es. || tu portes un masque. un masque invisible et doré. mais personne le sait ça. t'es pas méchant mais t'es pas gentil. et t'en as marre de sourire aux compliments qu'on te fait. || t'aimes ta famille. c'est les seuls que t'aimeras toujours, tu le sais. et tu l'aimes à en crever, encore plus depuis que ta sœur est plus là. ça t'a touché. ça t'a coulé, mais t'es remonté. et depuis ce jour-là, tu portes ton masque.

"Viens. Allez Cosme, viens. Tu sais, c'est pas grand chose, juste un pas de l'autre côté."
Elle résonne en toi, dans ta tête, la voix de ta sœur. Et t'ouvres les yeux. Y a cette fille en face de toi, t'es perdu. T'es pas là où tu veux être. T'es pas là avec qui tu voudrais être.
"Tu dormais là ?"
Haussement de sourcils. Qu'est-ce qu'elle fout là, elle ? Depuis quand elle te regarde ?
"Tu m'espionnes là ?"
Elle sourit, naïvement. Parce qu'elle pense qu'elle et toi, c'est tout doux, c'est tout beau et tout neuf. Mais elle et toi, ça existe pas. C'est juste la fille que t'aimes bien posséder le temps d'une nuit. C'est la fille dont t'as besoin parfois, c'est celle que t'appelles mais qui n'a pas le droit de t'appeler. C'est la pauvre fille qui croit au prince charmant.
Mais toi t'es pas un prince.
Toi t'es juste Cosme.
Cosme l'enflure.
"Pourquoi t'es là ? Comment tu m'as trouvé ? Je t'ai pas appelé."
Envolé le sourire de la petite blonde. Envolées les paillettes dans les yeux. Retour à la triste réalité que tu lui imposes.
"J'me suis dit qu'on pourrait se voir. Sortir pour une fois. Faire des trucs de cou-"
"Tu vas dire une connerie."
Elle s'obstine à sourire, la demoiselle en détresse. La demoiselle qui est persuadée que Cosme, t'es quelqu'un de bien. T'es vraiment gentil comme garçon, t'es formidable à l'entendre parler. Quand elle parle de toi à ses amis, la petite blonde, elle t'idéalise. Si seulement tu voyais ça, Cosme, tu rigolerais bien. Rien que d'y penser ça te fait rire.
"Je suis pas ton jouet, Cosme."
Et pourtant. T'as ce sourire, coincé sur tes lèvres, qui lui fait comprendre qu'elle l'est malgré elle. C'est triste. C'est comme ça. C'est pas un jouet, c'est un objet. Un bel objet, fragile et qui pleure parfois. Doux et qui rigole souvent. Elle te fusille du regard. T'aimes bien ce regard-là. C'est celui que tu préfères. C'est celui que tu vois tout le temps.
"Je vais me tirer. Et tu me verras plus. Plus jamais."
T'es de marbre. T'es toujours comme ça. Mais t'as pas vraiment envie qu'elle t'abandonne. Faut pas qu'elle le fasse, parce qu'elle ressemble trop à ta sœur. Et t'en as marre de voir les filles se volatiliser. Mais tu sais qu'elle, elle le fera pas. T'as l'avantage, comme à chaque fois. Pourtant tu flippes quand elle se lève. Tu flippes mais tu dis rien.
T'encaisse, comme à chaque fois.
T'es un grand garçon.
"Je t'appelle plus tard."
Et t'offre son majeur, avec un beau sourire. Toi, comme toujours, tu rigoles.
Mais t'es pas sérieux, vraiment pas.
T'es pas un gentil garçon, vraiment pas.
Pourtant, y a une légende qui dit que t'en es un.
Le plus gentil des garçons.
______

Caché sous les étoiles, dans la nuit sombre qui t'enveloppe doucement, tu scrutes le ciel et profite du silence de plomb qui règne. T'es accompagné de ta marie-jeanne, que tu consumes sans te poser de question. T'aimes bien des fois, tard dans la nuit, te retrouver avec ton ciel étoilé, et te sentir partir, monter vers la lune et tromper marie-jeanne avec elle.
Ce soir t'es là-haut.
Ce soir tu trompes marie-jeanne et toute les autres filles avec Madame la Lune, la seule qui t'abandonnera jamais.
Tu regardes le joint que tu tiens entre deux doigts. Et tu souris. Marie-Jeanne. C'est pas qu'une herbe. Y a celle que tu consumes, et celle qui te consume. Y a marie-jeanne et Marie-Jeanne. Tu sais pas laquelle tu préfères.
La marie-jeanne douce.
La Marie-Jeanne brisée.
T'as tendance à préférer la brisée, la poupée cassée qui aimerait bien t'emmener dans son monde. T'as tendance à aimer tout ce qui est cassé, parce que tu l'es aussi dans le fond, derrière ton masque. Tu regardes ton portable, tes messages, t'as encore un de ses messages, le dernier en date, celui qui dit d'aller te faire foutre. Tu sais plus vraiment pourquoi elle t'a dit ça, mais tu souris. T'aimes bien quand elle est énervée contre toi. T'aimes bien l'énerver. T'aimes bien les filles comme elle. Mais t'aimes pas quand elles te paraissent trop tristes. Trop sombres, comme la nuit. Tu préfères quand elles brillent comme les étoiles. Marie-Jeanne, c'est une étoile qui s'essouffle, c'est l'étoile qu'on voit dans le ciel, mais qui a déjà explosé il y a des millions d'années.
Et toi t'aimes pas.
Elle est trop jolie pour être triste.
Et toi t'aimes pas.